“Aquaponie”, qu’est-ce que ce mot vous évoque ? Non, il ne s’agit pas de poney nageant dans une piscine ! Malgré des apparences trompeuses, la formule ne tire pas ses racines des langues grecques ou latines.
Le concept d’aquaponie est issu de la contraction de deux termes : aquaculture et hydroponie.
Le premier renvoie à la culture de végétaux et à l’élevage de poissons en milieu aquatique.
Le second désigne une technique de culture hors-sol où les plantes sont plongées dans un liquide nutritif.
C’est bien beau me direz-vous, mais dans les faits, comment cela fonctionne ?
On vous explique tout ici !
L’aquaponie : un procédé cyclique et 100% naturel
Si on vous disait que le caca des poissons est un excellent engrais ?…
L’aquaponie est une technique de culture reposant sur la symbiose entre végétaux, poissons et bactéries.
Dans l’eau, les poissons produisent des déjections qui contiennent de l’ammoniaque.
Dans le bac de culture se trouve un substrat – des galets de rivière ou des billes d’argile – colonisé par des bactéries nitrifiantes qui transforment cette ammoniaque en nitrates.
Et hop ! L’eau ressort du bac de culture, totalement filtrée et purifiée par les plantes, pour retourner au sein de l’aquarium et enclencher un nouveau cycle.
C’est encore plus simple de comprendre le concept en dessin :
L’aquaponie : un procédé millénaire
Bien avant que l’on ne pose un nom sur le concept, l’aquaponie était utilisée pour cultiver des plantes hors-sol.
Plus de 1500 ans en arrière, les Chinois avaient recours à un technique d’agriculture très proche de l’aquaponie.
Dans les rizières, les déjections des poissons fertilisaient l’eau tandis que les pieds de riz la purifiaient : c’est ce que l’on appelle la rizipisciculture.
Quelques siècles plus tard, les Aztèques se mirent également à l’agriculture aquaponique.
Ils eurent l’idée de créer des “radeaux de bambous” qu’ils tapissaient de boue draguée des fonds marins dans laquelle ils plantaient leurs cultures : les chinampas.
Ces chinampas étaient ensuite disposés sur les lacs et les racines perçaient le fond des radeaux pour se retrouver immergées dans l’eau.
L’aquaponie : une méthode aux multiples avantages
La technique de l’aquaponie présente plusieurs avantages et se couple parfaitement avec la volonté de démocratiser l’agriculture urbaine et responsable.
La faible consommation d’eau présente un premier avantage, à la fois écologique et économique.
Le fonctionnement en circuit fermé avec un assainissement naturel de l’eau permet de faire des économies significatives de 90 à 95% (pour une production équivalente à un potager qu’il faudrait arroser quotidiennement).
C’est également une alternative qui permet de se passer d’engrais, de pesticides et ainsi de produire des aromates, des fruits et des légumes organiques et responsables – ainsi que du poisson car ces derniers se reproduisent dans les bassins ! -.
Enfin, l’installation d’un système aquaponique n’est pas forcément vorace en espace – comme notre Baromate d’ailleurs ! – et peut très bien s’installer en intérieur – dans une véranda, un abri de jardin – comme en extérieur.
L’aquaponie : une technique accessible à tous
Que vous soyez un particulier ou un agriculteur, un passionné ou un professionnel, vous pouvez installer votre système aquaponique sur mesure !
En effet, n’importe qui, vous, moi, peut se lancer dans l’aventure aquaponique pour un moindre coût et avec une surface restreinte.
Il suffit de se procurer un kit pour démarrer – comprenant les composants d’un dispositif aquaponique de base – et de disposer de quelques mètres carrés pour entreposer l’écosystème.
De nombreuses plateformes proposent des tutoriels pour monter, installer et entretenir son système aquaponique.boutiqueaquaponie
De la même manière, si vous disposez de surfaces importantes et que votre objectif est productiviste, vous pouvez installer des systèmes qui s’avèrent très rentables.
On comprend alors aisément pourquoi cette technique est de plus en plus privilégiée et qu’elle se démocratise sur une multitude des terrains différents.
L’agriculture aquaponique : une technique qui gagne du terrain
L’aquaponie présente de nombreux avantages comme précédemment abordé, notamment celui de s’adapter à presque tous les terrains possibles …
En ville, l’agriculture aquaponique se positionne comme une réponse pertinente aux enjeux alimentaires et économiques, aussi bien en matière de production que d’économie d’eau.
Souvent placées sur les toits, les cultures aquaponiques investissent des superficies jusque là inutilisées, un nouvel avantage non-négligeable.
Dans les périphéries urbaines, les installations revêtent des formes bien plus gigantesques.
La toute première ferme aquaponique à vocation productive à vu le jour à Labège – en banlieue toulousaine – à l’automne 2017 sous l’impulsion de l’ATA – Association toulousaine d’Aquaponie -.
Cet écosystème devrait produire entre 25 et 30 tonnes de légumes ainsi que 6 tonnes de poissons par an – on attend la première récolte pour 2018.
La ferme aquaponique de Labège (Photo © ATA)
Enfin, c’est un technique qui prend tout son sens dans les pays qui connaissent des problèmes de fertilité des sols, de sécurité alimentaire, de pollution des rivières ou qui veulent simplement orienter leur agriculture sur un modèle plus responsable et plus économique.
A Marrakech, les consciences s’éveillent aux enjeux environnementaux et la société Hylis1 souhaite implanter une serre aquaponique de 72 000 m2 pour produire des légumes locaux en circuit court.
De la même manière, à Vanderbijlpark en Afrique du Sud, le lycée technique « Carel de Wet Technical High School »2 propose un cursus axé sur l’agriculture aquaponique pour former les jeune élèves capables de gérer des unités de production autonomes durables.
Ferme aquaponique de Marrakech.
1. Un projet fou de serre aquaponique pour Marrakech, Thierry barbaut, août 2016.
2.Aquaponie en Afrique du Sud, une agriculture durable enseignée en lycée technique, mai 2014.