« Agriculture urbaine » : voilà une expression qui peut sonner comme un oxymore. Pourtant, ces deux mots sont de plus en plus souvent associés.
La démarche répond à un impératif engendré par trois phénomènes qui s’alimentent : l’augmentation de la population sur la planète – 9 milliards d’habitants en 2050 -, l’urbanisation afférente et la diminution relative des surfaces agricoles.
Ces trois mouvements pris ensemble opposent d’immenses défis à notre espèce : comment nourrir tout le monde ? Mieux, comment nourrir bien ? Et comment le faire en préservant les écosystèmes au long terme ? L’agriculture urbaine est une des réponses.
En 2010, Dickson Despommier, professeur de santé publique et de santé environnementale à l’Université Columbia, publie “The Vertical Farm: Feeding the World in the 21st Century”. Il y expose ses théories sur une nouvelle façon d’aborder l’agriculture et présente au monde l’agriculture urbaine.
L’agriculture urbaine possède en effet un caractère expérimental, elle s’invente tous les jours. Elle explore et rassemble des méthodes de production alimentaires diverses, toutes raisonnées et réfléchies.
Nous avions exposé notre vision il y a quelques mois : les grands changements se font par petites étapes.
L’agriculture urbaine ne remplacera pas l’agriculture traditionnelle, mais elle la complète et lui sert de laboratoire. Mieux, elle constitue un levier pour reconnecter les territoires urbains et les territoires ruraux, les habitants des villes et les habitants des campagnes.
Elle essaime potagers et jardins dans les espaces urbains et nous réconcilie avec la nature en rappelant aux urbains qu’il font partie d’un écosystème naturel et fragile.
L’agriculture urbaine transforme la ville
L’agriculture urbaine, comme son nom l’indique, permet de produire des fruits, des légumes, des aromates… en ville, sur des toits, dans les cours, le long des boulevards ou tout autre espace public aménagé à cet effet…
L’agriculture urbaine s’invite partout et métamorphose les agglomérations, alors que 200 ans d’urbanisation nous ont de plus en plus éloigné de la nature.
L’agriculture urbaine met en place des espaces hybrides, entre la ville et la nature, entre le potager et l’atelier. Les frontières entre l’urbain et le rural deviennent plus floues sous son impulsion.
L’agriculture urbaine introduit massivement des éléments naturels dans l’espace urbain. Elle réinsère ainsi l’espace urbain dans l’écosystème global.
Les résidents des villes peuvent participer à la production agricole via une diversité impressionnante de techniques.
On trouve ainsi sur les toits de Tokyo, la Cityfarm, nichée au coeur d’un quartier au design futuriste.
On y fait pousser melons, choux, tomates, haricots et 300 kilos de riz chaque année.
L’agriculture urbaine se répand
De nombreux projets d’agriculture urbaine voient le jour. La Ville de Paris recense par exemple tous les projets en cours sur son territoire où se développent fermes urbaines et pédagogiques ainsi que des dispositifs de permaculture.
Les initiatives privées se multiplient également. Par exemple, l’entreprise Fresh Direct, à l’initiative d’Angel Adelaja dans la ville d’Abuja au Nigéria, cultive des légumes dans des containers. Un container de 14m2 permet un rendement similaire à un champ de la taille d’un terrain de football.
Les nouveaux potagers installent des potagers d’entreprise sur le toit des immeubles des entreprises. Nous installons nos baromates au coeur des espaces professionnels.
Le futur de l’agriculture urbaine se dessine aujourd’hui. Des citadins consomment des champignons qu’ils font pousser chez eux. Des architectes paysagistes, inspirés par Dickson Despommier, imaginent même des formes d’agricultures verticales dans des tours de plusieurs dizaines de mètres.
L’agriculture urbaine, bénéfices tous azimuts
L’agriculture urbaine présente de nombreux avantages. De manière générale, elle reconnecte les citadins aux éléments naturels en offrant des îlots de nature
→ Pour l’écologie. La distance entre producteur et consommateur est raccourcie, grâce au circuit court que permet l’agriculture urbaine, ce qui limite la consommation de Co2. Elle permet en plus de recycler les déchets organiques urbains grâce au compost.
→ Pour l’économie. En plus des trajets simplifiés, l’agriculture urbaine crée des emplois et développe les échanges et l’ancrage territorial entre les agglomérations et l’environnement rural.
→ Pour la santé. Outre le bien-être généré par les espaces naturels en ville, l’agriculture urbaine privilégie généralement une moindre utilisation des intrants. Les circuits courts donnent aux citadins l’accès à des produits frais pour certaines catégories de produits agricoles
« La ville est surtout avantageuse pour ce qui est des légumes et des végétaux les plus fragiles, ceux qui risquent par exemple de perdre leurs qualités nutritives dans le transport« , explique Nicolas Bel1 , chercheur spécialisé dans l’éco-conception et le biomimétisme.
Il est, avec Nicolas Marchal à l’origine d’un projet d’agriculture urbaine. Depuis 2011, ils ont reconverti le toit de l’école AgroParisTech, en potager urbain.
L’agriculture urbaine fait son chemin et se développe dans les grandes et petites villes du monde.
AURA s’inscrit pleinement dans le développement de l’agriculture urbaine et la transformation des villes.
L’agriculture urbaine est le moyen de sensibiliser aux problématiques alimentaires, d’écologie urbaine et de renouer le lien entre les espaces urbains et ruraux, entre les citadins et la nature.
Notre Baromate a vu le jour dans ce cadre. Il est d’ailleurs le support des ateliers découverte sur l’agriculture urbaine que nous menons dans les entreprises !
1. Nicolas Bel, expert de l’agriculture urbaine, membre de l’association Topager