Manifeste pour le design biophilique
Margaret Mead
Les « concrete jungles » – « jungles de béton » – que sont devenus nos espaces urbains et les carcasses de verre et de métal que sont nos espaces professionnels sont le résultat des choix historiques des générations passées. Ils nous engagent encore lourdement aujourd’hui.
Non seulement nous devons en assumer les conséquences environnementales, mais il nous faut aussi en subir les retombées au quotidien. Dans notre espace de travail comme au-dehors. L’urbanisation effrénée du territoire a accompagné les mutations de notre société pendant des décennies.
Jusqu’à ce que d’autres voix se fassent entendre, dont celle d’Edward Osborne Wilson, biologiste américain et inventeur du concept de biophilie. Parce que l’entreprise AURA se revendique de l’héritage de Wilson et de ses disciples, nous vous adressons aujourd’hui notre manifeste en faveur d’un design biophilique. En harmonie avec notre cadre de vie urbain et notre façon de concevoir le travail.
De nouveaux environnements, loin de la nature
En France, l’aménagement du territoire est allé si loin que la surface équivalente à un département français disparaît tous les 6 ans sous le béton et le bitume.
Au cours de cette période, notre éloignement vis-à-vis de la nature est devenu colossal. L’ambition démiurgique de la modernité a dressé des barrières entre les êtres humains et leur écosystème naturel, qu’il soit local ou global.
Les êtres humains sont issus d’une longue chaîne de l’évolution qui a vu nos ancêtres relever la tête sur le continent africain pour conquérir le monde. Pendant des centaines de milliers d’années, le genre homo et son cousinage ont entretenu une relation de type symbiotique avec leur environnement.
La modernité et la technique ont tout changé. Le lien entre nous et le monde végétal s’est dégradé, voire cassé. Les Européens au XIXème siècle ont construit une puissante illusion : l’idée que les êtres humains pouvaient dominer la nature, complètement et sans partage.
Multiplier les espaces verts urbains pour sauver la planète
Claude Lévi-Strauss
Il est temps et nécessaire de changer d’approche. Il faut abolir ce gouffre entre la nature et nous, en la réincluant dans nos espaces de travail, nos espaces publics… notre univers quotidien.
Ce manifeste pour le design biophilique est le résultat d’une prise de conscience : à nous de faire évoluer notre modèle d’aménagement, à l’extérieur comme à l’intérieur de nos lieux de vie et d’activité.
Ce manifeste pour le design biophilique est un appel à la réintroduction de la nature dans nos espaces urbains quotidiens.
Biophilie, design biophilique et biodiversité
Ce grand chercheur est aujourd’hui reconnu comme un précurseur, à juste titre. En 1988, il forgeait et léguait au monde le terme « biodiversité » et choisissait de consacrer la dernière partie de sa vie à sa protection. E. Wilson a parcouru la planète dans le cadre de ses recherches, il a observé les animaux et les êtres humains dans des contextes extrêmement variés.
Ses héritiers sont nombreux, à l’instar de Stephen R. Kellert, célèbre professeur émérite d’économie sociale à l’Université de Yale qui défend la même idée : « Nous ne serons jamais vraiment en bonne santé, satisfaits ou comblés si nous vivons séparés et aliénés de l’environnement dans lequel nous avons évolué ».
- Kellert reconnaît à l’humanité un simple « droit d’aînesse » sur la nature. Ce dernier implique pourtant de grandes responsabilités : nous sommes les gardiens de l’écosystème planétaire. Il plaide pour une modernité durable qui adopterait la biophilie dans tous les domaines, de l’aménagement de bureau à l’optimisation de l’espace, en passant bien sûr par l’agriculture urbaine.
L’aménagement urbain comme nouvelle source de bien-être
Des designers visionnaires ont déjà investi le domaine. Parmi eux, Kristen Whittle, le multiprimé architecte anglais, résume ainsi le cœur de la philosophie du design biophilique : « Pourquoi l’architecture ne pourrait pas vous restaurer comme un coucher de soleil à la plage ? ».
La question est pertinente, tant les principes du design biophilique, quand ils sont appliqués en architecture d’intérieur ou d’extérieur, sont bénéfiques sur les êtres humains.
Nous aurions pu lister les bienfaits du design biophilique dans tous les domaines : gains de productivité et de performance, créativité décuplée, qualité de vie au travail, bien-être au quotidien et espérance de vie renforcée…
Nous aurions pu illustrer cela avec le Royal Children’s Hospital de Melbourne, en Australie, et ses petits patients qui se rétablissent mieux qu’ailleurs grâce à la végétalisation des espaces. Nous aurions pu vous décrire la magie verte de la Hundertwasserhaus à Vienne, en Autriche.
Ou encore vous transmettre notre enthousiasme pour les jardins verticaux de Singapour. La cité-Etat, 2e ville la plus densément peuplée au monde, lutte contre le réchauffement climatique avec des projets urbains d’optimisation de l’espace végétal.
Le pouvoir des idées, un pas après l’autre
Du passé lointain aux futurs qui se dessinent aujourd’hui, des jardins suspendus de Babylone aux Biosphères d’Amazon… Le design biophilique a à cœur de replacer l’animal social et urbain que nous sommes dans son écosystème et des éléments naturels.
Nous croyons au pouvoir des idées, mais nous pensons aussi que c’est par petites étapes que surviennent les grands changements.
Le design biophilique sera le véhicule de la réconciliation entre la nature et nous. Entre nos espaces individuels, et la planète et ses écosystèmes aujourd’hui menacés. Pour notre part, AURA fait le choix de s’engager pour le vivant en concevant un environnement de travail moderne révolutionnaire. Et vous ?
Vincent BOISSARD, Thomas DEMERENS, Bertrand MUNIER
Fondateurs et associés d’AURA
Vous souhaitez mieux connaître la biophilie ? Nous serions ravis d’échanger avec vous !